Finance comportementale et marchés financiers

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Définition de la finance comportementale



La finance comportementale met en relation l'évolution des marchés financiers et la psychologie des investisseurs. Elle cherche à montrer que les différents intervenants du marché n'agissent pas de manière rationnelle mais davantage en fonction de leurs émotions. En effet, chaque investisseur possède un profil investisseur différent qui le pousse à prendre telle ou telle décision d'investissement.

La finance comportementale explique que ces divers comportements tendent à se rejoindre par effet de mimétisme et qu'ils ont donc une influence importante sur l'évolution des marchés. Le profil d'un investisseur regroupe son aversion au risque, le concept de regret mais également les divers réactions face aux gains et pertes.

Les stratégies d'investissements des traders sont alors basées sur ces critères non objectifs comme le montre le schéma ci dessous :

finance comportementale trading

Finance comportementale VS efficience des marchés



La finance comportementale est en opposition avec la théorie de l'efficience des marchés (HEM) qui prétend que les investisseurs ont la capacité d'analyser les informations reçues de manière rationnelle. Cette théorie est basée sur le fait que l'information est diffusée correctement à l'ensemble des intervenants du marché. Les mouvements de marché suivent une marche aléatoire au gré des informations qui sont diffusées aux intervenants. Les prix des différents actifs sont donc justes et reflètent la réalité économique avec pertinence. Cette hypothèse a été soumise dans les années 50 - 60.

Toutefois, avec les divers krachs boursiers et bulles spéculatives qui sont intervenus au gré du temps, la théorie de l'efficience des marchés a été remise en cause. Ces défenseurs se sont accordés à dire qu'il existait plusieurs degrés d'efficience (forte - semi forte - faible) et que la finance comportementale expliquait les mouvements irrationnels. Quelque soit le degré d'importance qu'on lui accorde, la finance comportementale est aujourd'hui reconnu par tous. La question est donc de savoir si l'on croit ou non en la rationalité des intervenants (traders, hedge funds...) et quel est son impact sur l'évolution des cours.


Etudes sur la finance comportementale



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Etude de Thaler et Bondt

: Cette étude à montrer que les titres ayant un rendement peu élevés pendant 3 années consécutives surperformaient, dans les années suivantes, les titres avec un rendement élevé sur la même période. C'est un argument de choc contre la théorie forte de l'efficience des marchés en prouvant que les intervenants n'ont pas agit rationnellement. La psychologie des investisseurs jouent bien un rôle dans les prises de décisions.

Plusieurs conclusions ont été tiré de cette étude :
. La valeur d'un titre sur le marché reflète rarement sa valeur fondamentale
. Le prix d'un actif n'est pas déterminé uniquement par les informations pertinentes. Les intervenants sur-réagissent à des évènements mineurs.
. Des anomalies de marché interviennent en permanence sous l'effet de certains facteurs.

La finance comportementale et ce qui en découle tend donc à amplifier les mouvements de marchés de part une mauvaise analyse de l'information et l'action des émotions dans les prises de décisions. Thaler et Bondt parle dans leur étude d'anomalie d’efficience informationnelle.

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Etude de Kahneman et Tversky

: Ces deux économistes ont mis au point la théorie des perspectives des émotions et la situation de gain ou perte dans laquelle se trouve l'investisseur. Ils parlent dans leur étude de l'aversion à la perte. Un investisseur n'aime pas perdre et il aura du mal à couper ses pertes. En revanche, en cas de gain, il va le plus souvent prendre ses bénéfices trop tôt. L'investisseur agit donc de manière irrationnelle et se laisse guider par ses émotions. Qui ne s'est jamais dit un jour sur un trade perdant "le marché va bien finir par me donner raison et se retourner". Les titres perdants sont donc conserver alors que les gagnants ne sont pas gardés en portefeuille afin d'effacer une partie des pertes. On dit souvent sur notre forum que pour réussir en trading, il faut "Couper ses pertes et laisser courir ses gains".


Les facteurs menant à des anomalies de marché



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Cognitifs

: Ce sont les facteurs liés à l'acquisition de la connaissance. Il y a d'une part la compréhension. De part les différents niveaux d'intelligence et d'étude de chaque intervenant sur le marché, l'interprétation de l'information peut varier. L'interprétation va également être liée à la durée de porté du trade. Une information peut avoir un impact négatif sur le court terme et positif sur le long terme. De ce fait, les acteurs du marché vont agir différemment.

Le deuxième élément d'influence est la mémoire. Il y a dans un premier temps ce que l'on appelle l'ancrage mentale, c'est la difficulté pour un individu de remettre en question sa première impression. L'individu doit pour cela accepter d'avoir eu tord au début. Il y a également la mémoire au sens de l'expérience. Nos expériences passées vont influer considérablement sur nos prises de décisions. Un individu peut par exemple refuser d'investir sur un titre qui lui a couté de l'argent dans le passé.

Le troisième facteur regroupe les émotions. Ce sont l'ensemble des éléments qui constitue le caractère d'une personne (peurs, envies, admirations, répulsions, fierté...). Certaines personnes sont par exemple plus aptes à prendre des risques en contrepartie d'une probabilité de gain supérieur. D'autres en revanche joueront la sécurité. Cela va dépendre en partie de l'âge, du sexe ou encore de la situation familiale de l'investisseur. Un père de famille prendra par exemple peu de risque sur les marchés boursiers. On peut citer comme autre exemple de l'impact des émotions dans l'investissement, le fait qu'une personne aura davantage tendance à investir dans des titres présents dans son quotidien (bien que l'on possède, proche qui travaille dans une société...)

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Le mimétisme

: Il est à l'origine des krachs boursiers et des bulles spéculatives. La citation "Mieux vaut avoir tord avec les autres que raison tout seul" résume bien ce phénomène. Lorsqu'une mauvaise nouvelle est diffusée, un mouvement de panique peut s'installer et entraîner la chute des marchés boursiers. Cette chute est alimentée par la suite par le mimétisme des investisseurs qui vont reproduire sans raison ce que fond les autres investisseurs. Ce mécanisme est le même à l'achat. On parle souvent de marché euphorique ou en berne. Voir les autres investisseurs agirent de la même manière est rassurant, cela enlève une part de l'anxiété ressentit par l'investisseur au moment d'investir. De plus, cela donne une justification de son acte vis à vis de ses proches. Il est toujours plus facile d'avouer une erreur que d'autres ont commis en même temps que vous.

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Les prophéties auto-réalisatrices

: Les investisseurs basent souvent leurs décisions d'investissements sur les diverses analyses ou conseils qu'ils peuvent lire sur le net, entendre à la radio ou à la télé, les conseils d'un ami. Un investisseur va acheter un titre parce qu'il a entendu que ce titre allait monter. Cet investisseur va lui même diffuser l'information aux autres investisseurs et ainsi le titre finit par monter. A plus grande échelle, on peut citer les analyses diffusées par les banques ou institutions financières. Celles ci vont toucher un grand nombre d'investisseurs (dont les clients de la banque) ce qui va faire monter le cours de l'action si plusieurs analyses vont dans le même sens.


Facteurs d'influence externes en finance comportementale



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La météo

: Une étude réalisée par E.M. SAUNDERS jr. a montré que le taux d'ensoleillement avec un impact sur les marchés boursiers. Afin de quantifier les données météorologiques, l’auteur créé une échelle de 0 à 10, permettant d’évaluer le taux de couverture nuageuse pendant une journée, 0 étant une journée totalement dégagée et 10 un temps couvert et opaque. L'étude a montrer que lors des journées très ensoleillés, cela avait un impact positif sur le marché. A l'inverse, une journée très nuageuse avait un impact négatif. Il est toutefois noter que seules les journées extrêmes avaient réellement un impact sur les marchés. En effet, ce sont les seules à impacter sensiblement notre humeur.

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Le weekend

: L'effet weekend rejoint l'étude sur la météo. L'humeur de l'individu affecte ses décisions d'investissements. Avant de partir en weekend, le vendredi, les investisseurs sont de bonne humeur, la fin de la semaine de travail approchant. Ils auront donc tendance à acheter davantage ce jour de la semaine. A l'inverse, le lundi est une journée historiquement baissière, les investisseurs étant péssimistes. C'est ce qu'a montré l'étude de K.R. FRENCH en 1980. Il a pour cela étudier les écarts entre le vendredi soir et le lundi matin sur plusieurs périodes, et les a comparé avec les écarts constatés sur les autres jours de la semaine.

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La sociabilité

: Une étude réalisé par H. HONG, J.D. KUBIK et J.C. STEIN a montré que la sociabilité d'une personne à un impact sur sa propension à investir. De manière générale, plus un individu est sociable (amis, soirées....), moins il est réticent à investir. Son aversion au risque est donc moins forte que chez les autres individus. Il sera également d'une meilleure humeur. Des études ont montré que ce sont les amis qui rendent heureux une personne. Un individu peu sociable est par nature plus anxieux. La nouveauté va pour lui représenter un danger et l'inconnu lui fait peur.
Forex L'impact sur les marchés boursiers :

Sur les marchés boursiers, l'influence de la finance comportementale se traduit en plusieurs étapes comme le montre le graphique ci dessous:

finance comportementale trader
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L'ancrage

: Un individu a par nature du mal à remettre en question sa première impression. C'est l'ancrage mentale. Ainsi, si l'investisseur s'est mis dans la tête que le marché est baissier à l'heure actuelle, il lui faudra un certain temps avant de faire évoluer sa position même en cas de retournement du marché. Ainsi, au début peu d'investisseurs vont acheter dans le creux ou au sommet de la vague selon que le marché est dans une tendance baissière ou haussière.

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Moutonnier

: La majorité des investisseurs agissement par mimétisme. Nous avons vu cette notion plus haut. C'est ce phénomène qui va donner de la force à une tendance et accentuer les mouvements haussiers ou baissiers sur les marchés boursiers.

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Confirmation

: Il intervient au moment d'un point haut ou bas du marché. C'est le moment ou l'investisseur est le plus confiant et ne remettra jamais en cause son investissement. L'investisseur se dit "j'ai eu raison" et son égo est alors flatté.

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Engrenage

: Ce cas de figure n'intervient que dans un marché baissier. Les investisseurs ont du mal à accepter la perte et ne coupe pas leurs positions. Ils se disent que le marché va bien finir par se retourner.

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