L'arnaque du copy trading

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Le Copy trading est le fait de pouvoir copier de manière automatique les positions d’un trader que vous avez sélectionné. Ces dernières années, le copy trading est devenu un véritable phénomène de mode. C’est le site Zulutrade qui en est à l’origine. Tous les brokers se sont associés avec le site au départ, puis peu à peu, les brokers ont lancé leur propre plateforme de copy trading. C’est le cas par exemple du broker eToro avec son openbook, leader aujourd’hui.

La cible, ce sont bien évidemment les traders débutants. L’argumentaire est simple : Venez copier les meilleurs traders plutôt que de perdre votre argent avec un trading manuel. Seulement voila, dans les faits, la quasi-totalité des inscrits finissent par perdre tout leur capital. Le problème du copy trading, ce n’est pas le principe lui-même, c’est le fait qu’il n’y a pour le moment aucune réglementation de la part des autorités de régulation. La protection du client est inexistante. Pourtant, les risques pris par les particuliers sont considérables….


Les arguments du copy trading



On peut facilement comprendre l’attrait des particuliers pour le copy trading :

- Appât du gain : Toutes les plateformes de copy trading mettent en avant des traders réalisant des performances à faire pâlir Madoff lui-même. C’est sur, les performances affichés par certains font rêver.

- Facilité d’utilisation : D’un simple clic, vous pouvez copier les traders de votre choix. Pas besoin de passer par un mandat de gestion comme c’est le cas avec un gestionnaire de compte classique. A tout moment, vous pouvez stopper le copy trading.

- Accessibilité : Quelque soit la taille de votre compte, vous pouvez accéder au service de copy trading. Les plus petits portefeuilles ne sont pas exclus du système, il n’y a pas de ticket d’entrée minimum.

- Choix important : Sur les plateformes, il y a des milliers de fournisseurs de signaux. Théoriquement, il existe donc des profils très différents. Vous pouvez ainsi choisir le niveau de risque qui vous convient.


Les seuls gagnants du copy trading : les fournisseurs de signaux et le broker



Sur toutes les plateformes de copy trading, les fournisseurs de signaux sont rémunérés sur le volume de transaction. Le broker lui rétrocède une partie des commissions qu’il touche (le spread). Plus un fournisseur a de suiveur, plus son volume de transaction augmente. En effet, les positions qu’il prend sont répliquées sur les comptes de ses suiveurs. Si un fournisseur veut gagner beaucoup d’argent, il lui suffit de maximiser son nombre de transactions. 

Bien évidemment, s’il veut avoir beaucoup de suiveurs, il doit afficher une performance alléchante. Un trader qui fait 10% par an en gérant parfaitement son risque n’intéresse pas les traders débutants. Ces derniers cherchent des traders qui font la plupart du temps du 10% par mois au minimum. Tous les utilisateurs des plateformes de copy trading viennent pour doubler leur capital en un minimum de temps. Le problème, c’est qu’ils n’ont pas conscience du risque. Pour atteindre une performance de plusieurs dizaines ou centaines de % par an, il faut prendre d’énorme risque et un jour où l’autre ca se finit toujours par la perte totale du capital.

Certes, les plateformes de copy trading affichent des indicateurs de risques (openbook etoro) ou le drawdown du portefeuille (Zulutrade) mais les particuliers n’y prêtent pas attention. De plus, les plateformes mettent en avant la performance pour appâter les clients et le risque apparait comme un élément secondaire. Or, c’est justement avec la gestion du risque qu’on juge de la qualité d’un trader. Entre un trader 1 qui fait 15% par an avec un drawdown de 3% et un trader 2 qui fait 200% par an avec un drawdown de 80%, la quasi-totalité des inscrits sur les plateformes vont choisir le trader 2. Pourtant, le trader 1 est largement supérieur en termes de performance/risque.

Les fournisseurs de signaux l’ont bien compris. Pour capter des suiveurs, ils vont donc privilégier la performance au détriment du risque. Il faut savoir que parmi ces fournisseurs, la majorité est en démo. En cas de pertes, il n’y a que les suiveurs qui perdent leur argent…. C’est facile de prendre des risques quand il ne s’agit pas de son argent.

Pour ceux qui sont en réels, ils n’ont souvent que quelques mois d’historique de performance (si vous ouvrez un compte chez un professionnel, vous lui demanderez plusieurs années d’historique avant de lui accorder votre confiance….). De plus, pour être affiché en réel, il suffit au trader de déposer le montant minimum chez le broker… la taille du compte n’est jamais affichée, seule la performance l’est….

Pour le broker, le copy trading est également très rémunérateur du fait que cela multiplie les volumes de transactions de ses clients. Sur une plateforme de copy trading, un particulier passe beaucoup plus d’ordres que si il tradait tout seul. De plus, devant l’appât du gain, les particuliers recourent également massivement à l’effet de levier en se disant qu’ils ne peuvent pas perdre leur argent avec les meilleurs traders de la plateforme….

Comme si cela ne suffisait pas, les brokers proposant des plateformes de copy trading ont les commissions de trading (notamment le spread) parmi les plus élevés du marché. Pour leur défense, ils indiquent qu’ils fournissent un service supplémentaire à leurs clients. Mais en réalité, c’est juste un moyen pour prendre encore plus d’argent à leurs clients….. (cf Etoro, une machine à cash sauf pour les traders…)

Le seul pigeon dans l’histoire, c’est vous ! Le naïf qui croit que l’on peut faire plusieurs centaines de % sans risque et qui est prêt à payer très cher un service qui au final lui fera perdre tout son capital…. 


Le paradoxe de l’AMF et du copy trading



A l’heure actuelle, les plateformes proposant du copy trading sont autorisés par l’AMF. Le copy trading est donc tout à fait légal pour la simple et bonne raison qu’il n’est pas répertorié comme du conseil en investissement. Il s’agit d’un simple outil d’investissement comme peut l’être une analyse.

Je vois pourtant une énorme différence entre une analyse et le copy trading. Le copy trading donne l’autorisation à un tiers de passer des ordres sur votre compte. En finance, cela s’appelle tout bonnement de la gestion de portefeuille et cela nécessite un mandat de gestion (entre le gestionnaire et le client). Mais aux yeux de l’AMF, c’est différent….

Je ne comprends pas le positionnement de l’AMF la dessus. Elle peut se montrer intraitable avec les gestionnaires de fonds (et imposer une multitude de règles) et avec le copy trading, elle laisse le client sans aucune protection. Pire, le fait que l’AMF autorise cette pratique et même un argument de vente pour les plateformes de copy trading. Si vous allez sur le site de Zulutrade, sur la page d’accueil, il est indiqué que le service est réglementé par l’UE… 

Bien évidemment, les brokers qui proposent ce type de service ne sont pas régulés directement en France. Ils sont régulés à Chypre et utilisent un passeport Européen (cf Régulation MIFID). On peut donc penser que l’AMF ne peut rien faire d’un point de vue réglementaire du fait de la régulation MIFID. Pourtant, un broker régulé à Chypre qui proposerait un service de gestion de compte en direct (avec un vrai gestionnaire) est lui soumis à certaines règles. La plus restrictive est l’interdiction de faire de la publicité en France…. Pour cela, il faut être directement régulé par l’AMF. Les brokers proposant le copy trading eux sont libres de faire leur publicité….

Avec l’arrivée de MIFID 2 en janvier 2017 (cf MIFID 2 pour les brokers Forex ?), on aurait pu se dire que l’AMF et les autorités de régulations allaient saisir l’occasion pour changer les choses. Et bien non. MIFID 2 va donner le droit à l’AMF de supprimer certaines publicités pour des brokers (les plus racoleuses du genre avec 100€, trader avec 40000€….) mais pas les publicités pour le copy trading (qui pourtant mettent en avant des traders ultra risqués qui font 500% par an…).

Pour le moment, l’AMF n’a pris aucune mesure pour lutter contre le développement du copy trading. Les plateformes sont libres de faire ce qu’elles veulent. L’AMF avait fait soit disant de la protection du client son cheval de bataille mais pourtant, elles ne fait rien pour protéger les victimes du copy trading toujours plus nombreuses. 

Elle protège les particuliers contre les gestionnaires de comptes professionnels mais ne les protège pas des gestionnaires débutants que l’on trouve sur les plateformes de copy trading…. 

Dans les années à venir, nuls doutes que l’AMF finira un jour par répertorier le copy trading comme du conseil en investissement. Ce jour la, ce sera tout simplement la fin du copy trading que l’on connait et l’on s’orientera vers un service plus professionnel. Les brokers comme Etoro devront choisir entre rester broker ou passer conseiller en investissement. En effet, en cumulant les 2 activités, il y a un fort conflit d’intérêt puisque le broker se rémunère sur le volume de transaction…

Reste à savoir quand l’AMF va se décider…. Surement quand le nombre de plaintes reçues contre le copytrading deviendra trop important. D’ici la, cela laisse le temps à de nombreux particuliers de perdre leur argent…..

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