Définition du consensus des analystes

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Qu'est-ce que le consensus des analyses?



Si vous investissez en bourse, vous avez surement un jour consulté le consensus pour connaître l’avis des « professionnels du secteur » sur une valeur. Plusieurs acteurs émettent des avis sur les marchés financiers :

- Le consensus des banques : Ces institutions financières payent des analystes pour émettre un avis sur les différents titres. Ce sont les mentions : « Vendre, Alléger, Conserver, Renforcer, ou Acheter »

- Le consensus des médias spécialisés : Ce sont des journalistes qui publient des recommandations dans les journaux ou font des émissions de télévision. 

L’ensemble de ces avis forment un consensus, une sorte d’avis général sur chaque entreprise, sur chaque secteur d’activité, sur chaque marché. Cela permet de prendre la température du marché avant d’investir en bourse, C’est un outil très utilisé par de nombreux investisseurs. Quand je parle d’investisseurs, je parle des particuliers, les professionnels du secteur eux ne se basent pas sur le consensus. 

Le consensus des banques : Une grande mascarade !



Il faut savoir que ce sont les entreprises qui payent pour être notés par les analystes financiers des banques. On dit alors que l’analyste est « sell side » (du côté du vendeur). L’analyste financier met généralement à jour sa recommandation après la publication des résultats ou si un événement important est intervenu dans la vie de l’entreprise.

On retrouve le même fonctionnement au sein des agences de notations. Il ne faut pas croire que ces structures sont indépendantes, c’est celui qui paye (l’entreprise) qui commande.

On comprend alors rapidement le conflit d’intérêt entre l’analyste et l’institution financière. 

D’un côté, l’analyste se doit d’être le plus impartial possible mais de l’autre, il doit satisfaire le client (l’entreprise) pour qu’il n’aille pas voir la concurrence. C’est un numéro d’équilibriste assez complexe. La banque ne peut pas non plus émettre une recommandation en totale désaccord avec la réalité. Les deux parties doivent en quelque sorte se mettre d’accord.

Si la recommandation est jugée bonne par l’entreprise, c’est tout bon pour la banque. Elle continuera de payer pour des prochaines analyses et sa fidélise le client au sein de la banque. Tout le monde est gagnant…

Une entreprise peut même refuser qu’une recommandation soit publiée, mais elle se doit de montrer patte blanche auprès de ses actionnaires. Si une grande entreprise n’a aucune recommandation d’une banque, c’est louche ! L’entreprise est donc obligée d’accepter sa notation ou sa recommandation mais si elle espère mieux.

Un de mes amis à un abonnement Bloomberg à son travail. Quand on tape le nom d’une entreprise, il est possible de consulter les différentes recommandations publiées en nom propre par les analystes financiers des différentes banques. Ces analyses ne sont pas destinées au grand public, on dit qu’elles sont buy side (du côté de l’acheteur). Dans ce cas la, l’analyste ne travaille plus pour une entreprise mais pour la banque elle-même. Ces analyses sont utilisées par les gestionnaires de portefeuilles et les traders de l’établissement.

Et la surprise ! On constate que les analyses n’ont rien à voir avec les recommandations destinées au grand public ! Dans de nombreux cas, cela va même dans le sens opposé du « consensus officielle »…. Ce sont les analyses utilisées par les pro…. 

Le consensus des médias spécialisés : Les moutons



Si vous suivez un peu les magazines financiers, vous êtes surement tomber un jour sur une analyse qui vous dit que vous ne pouvez pas passer à côté de tel ou tel actif « Acheter sans hésiter ». Le principal argument du journaliste pour conseiller l’achat est bien souvent le fait que tout le monde l’achète. Vous seriez stupide de ne pas le faire vous aussi…

Quand un journal ou n’importe quel média vous dit d’acheter ou de vendre, c’est déjà trop tard ! Le cours a bien souvent déjà beaucoup trop monté. Pour qu’un journal fasse les gros titres sur une valeur, c’est qu’elle a déjà explosé à la hausse, le potentiel de hausse restant est alors bien souvent limité. Vous avez loupé le train et ne cherchez surtout pas à le prendre en marche. Avant la crise de 2008, tous les journaux titraient qu’il était encore temps pour acheter…. Que le marché était haussier et qu’il n’était pas prêt de s’arrêter…. Pour des soit disant « professionnels du secteur », je m’interroge quant à leur offrir une éventuelle reconversion !

Dans le milieu financier, on dit souvent que lorsque les particuliers arrivent sur une valeur, c’est le moment ou les professionnels se décident à vendre ! C’est pour cette raison que dans de nombreux cas, c’est le scénario inverse annoncé par les médias qui se produit.

On peut citer un exemple flagrant avec le Wall Street Journal qui à 6 reprises à fait sa une en titrant « Acheter de l’or ». Dans les 6 mois suivant, le cours a perdu à chaque fois au moins 10% de sa valeur…..

En gros, quand un média vous dit d’acheter, c’est que l’actif est déjà largement surévalué, que le phénomène de mode touche à sa fin.

Pourquoi le consensus est-il faussé ?



Personne ne veut prendre le risque d’aller contre le consensus.
La raison est simple et se résume avec un diction « Mieux vaut avoir tord avec les autres que raison tout seul ». Si un média passe à côté de l’action du moment, il est jugé incompétent par le grand public. S’il va à contre courant du consensus et qu’il a le malheur de se tromper, il se retrouve discrédité. Les médias préfèrent donc adopter un comportement moutonnier ce qui limite le risque. Si la recommandation est mauvaise, le média pourra toujours dire que personne ne l’avait vu venir et que tout le monde conseillait la même chose… l’honneur est sauf….

Etre prudent, c’est se discréditer 


Si vous émettez un avis de prudence sur les marchés financiers, vous ennuyez le grand public. Les particuliers n’attendent pas des « professionnels » qu’ils disent que ca ne va pas bouger sur le moyen/long terme, qu’ils n’ont pas d’avis sur la question. Un analyste d’une banque ou d’un média à l’obligation de s’engager dans un sens. Si vous restez neutre, vous vous discrédité auprès du grand public, vous perdez toute crédibilité. Un analyste n’a pas le droit d’être trop prudent.

Si l’analyste n’a rien à dire, les particuliers vont aller en voir d’autres, plus engagés, peu importe qu’ils aient raison ou tord. Si le titre ou le marché a déjà bien monté, les particuliers préfèrent écouter des analystes qui s’engagent sur le court terme plutôt qu’un analyste se montrant prudent sur le moyen/long terme.
Un analyste doit toujours avoir un avis.

Les analystes doivent expliquer l’irrationnel


Le but d’un analyste financier est normalement de déterminer la valeur d’un titre avec l'analyse fondamentale. Si le cours est en dessous de ce niveau, il émet une recommandation d’achat, s’il est en dessous, il recommande de vendre. Il doit donc déterminer si le prix de l’actif est rationnel ou non.

En réalité, cela ne se passe pas comme ca. Les analystes cherchent maintenant à dire si l’irrationalité des investisseurs est sur le point de s’arrêter ou non. Même s’il estime que le cours est déjà surévalué, il va conseiller l’achat face à la pression de ses clients (les entreprises évaluées…). L’analyste va inventer des arguments en faveur d’une poursuite du mouvement au lieu de recommander la prudence.

Une question de crédibilité


Si un analyste va contre le consensus, son avis n’est pas pris en compte par le grand public. Seuls ceux qui ont réussi à se construire une réputation solide de part le passé (en ayant eu raison tout seul avant les autres) réussissent à être écouté. Pour les autres (c'est-à-dire la majorité), ils n’ont aucune crédibilité.

Avoir un avis sur tout


Le but des média est de vendre du papier, et pour en vendre il faut avoir un avis sur tout quitte à écrire le contraire plus tard. Cette pratique se retrouve dans l’ensemble des médias, y compris ceux qui ne sont pas spécialisées dans les marchés financiers.

Analyste financier, c’est un métier. Les particuliers estiment donc qu’ils doivent toujours être capables de se prononcer sur une valeur, sinon c’est qu’il ne connait pas son métier….

Vous ne pouvez pas dire au grand public « je ne sais pas » ou « je n’ai pas d’avis sur la question ». 

Conclusion


Soit vous réalisez vos propres analyses, soit vous confiez entièrement la gestion de votre portefeuille bourse à un tiers. Mais vous ne devez jamais baser vos décisions d’investissement sur le consensus. Le consensus est totalement faussé et ne retranscrit pas la réalité des faits. Il ne fait que répondre aux attentes des entreprises (pour les banques) ou du grand public (pour les médias).

Je ne vous dis pas que toutes les analystes extérieures sont à jeter, cela reste un bon moyen de vous donner des idées d'investissements. Mais vous devez toujours compléter ces analyses par la vôtre. Il ne faut pas suivre une recommandation ou un signal aveuglement. Copier un trader n'est pas une solution viable. Ce principe est également valable sur Centralcharts, l'analyse technique sociale est la pour donner des idées de trade et comparer les points de vue des différents membres, pas pour vous fournir des signaux de trading en temps réel....

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